Rayon de Glace
Il était une fois une jeune fille âgée de seize hivers. Elle se nommait Rayon de glace.
Née durant une journée turbulente, pendant laquelle tous les éléments de la nature se déchaînaient, elle fut abandonnée par sa mère quelques jours après. Une femme d’une splendide beauté qui cachait un caractère cruel avait été vue par un homme, l’homme qui sauvera la petite de la froideur brûlante de la glace.
Cet homme, le chef d’une tribu de bohémiens avait pris la petite fée sous son aile, il l’a soignée comme si c’était sa fille. Vers les sept hivers de Rayon de glace il décida de continuer la tradition et apprenais les légendes à la petite fillette. Elle, la fille adoptée qui n’était même pas de son propre sang avait le droit d’apprendre les rites, hymnes et ballades des bohémiens. Elle avait conquis le droit d’étudier des privilèges.
Vers ses seize hivers ils se trouvaient aux bords d’une mer énorme. Durant la soirée toute la famille allait se rassembler pour la fête de l’automne. Ils s’étaient enfin rassemblés après tant d’années (neuf ans), et Rayon de glace devait raconter une histoire… Elle décida de réaliser un discours à la Nuit que personne encore avait eu le préséance d’entendre. Elle commença toute timide :
« Ô Nuit, vous apparaissez lorsque « le monde s’endors dans une chaude lumière ». Vous êtes si mystérieuse, vous êtes l’ennemi juré du jour. »
Sentant l’envoûtement de son public elle continua d’une voix plus courageuse et harmonieuse.
« Ô Nuit, de multiples fois, j’ai suivi des yeux les chouettes s’échappant des territoires de l’église pour venir se refuger dans votre voile noir. J’aimerai tant voyager sur leurs ailes à la recherche des lieux oubliés, ignorés, oubliés, comme l’étoile du berger. Je perdais de vue ces animaux nocturnes afin de les retrouver devant la beauté de la pleine lune.
Ô Nuit, votre cœur si doux brille dans l’obscurité. Elle brille si forte, je dirai même qu’elle est une perle rare qui déchire les ténèbres avec ces rayons argentés.
Ô Nuit, vous êtes d’une beauté mystique et d’un silence inoubliable dans la campagne. »
Tout d’un coup elle fut interrompue par une voix sonore qui déchirait l’atmosphère de tranquillité qui enveloppait la tribu et la famille du vieux savant. Cette voix qui demanda :
-« Savez-vous au moins de quelle silence vous êtes entrain de parler, mademoiselle ?
-Oui, bien sûr que je le sais, c’est tout de même moi qui a créée ce discours à la douce et sainte nuit !
-Non, vous ne pouvez pas savoir si vous n’êtes point une criminelle. Mais finissez je vous en prie je vous éclaircirai sur ce point un peu plus tard.
-D’accord, où en étais-je donc ?
- Ô Nuit, vous êtes d’une beauté mystique et d’un silence inoubliable dans la campagne.
-Ah, oui…Ces merveilleuses nuits célestes et noires que vous m’avez laissé observer mériteraient votre sacralisation.
Ô Nuit, l’aurore arrive. Je vous en prie, ne disparaissez pas ! J’aimerai vous admirer encore quelque temps. Ecoutez les hurlements de loups, ils ne veulent pas que votre cœur s’efface, que vous vous épanouissez ! Entendez mes prières ! Restez, restez, restez, je vous supplie !
Ô Royaume des Ténèbres, chassez cette boule de feu ! Le cœur du jour a remplacé l’astre argenté, votre beauté, votre cœur ! Revenez je vous prie pour la dernière fois ! »
La voix étrange dit plus ému :
-C’est magnifique…
- Alors ce silence, que vouliez-vous me dire ?
-Vous allez voir ma belle ! »