Quand l'orage éclate_Prologue

Publié le par Lotje_a

Le crépuscule arriva promptement au creux des montagnes, une silhouette élancée s'avança hâtivement, comme si elle voulait échapper à un affreux sort. En effet, quelques instants plus tard, des sabots de cheval se firent entendre...
Un voyageur passant dans la région avait remarqué la belle qui était venue voir sa grand-mère malade. Immédiatement il avait été ensorcelé par tant de beauté d'âme, par cette soucieuse cantatrice qui chanta maintes ballades pour satisfaire les désirs d'une veille femme clouée au lit par la maladie. Il fut à la fois enchanté et dérouté par la générosité d’une telle belle. Alors, lorsqu’il la vit qui repartait vers la forêt pour rentrer à la cabane familiale, il prit son cheval et la suivit.
La belle, laissa son esprit vagabonder à loisir tant elle aimait le calme de ces bois. Elle adorait entendre le rossignol chanter, les papillons de nuits prendre leurs vols majestueux, voir le monde nocturne prendre vie à cette heure ci. Ce monde féerique où régnait les ténèbres, la liberté,…
Sentant que quelqu’un la poursuivit; la belle fut tirée de ses réflexions, elle se demanda que faire, la sécurité nocturne ne l’aiderait pas cette fois, elle le savait. Les membres glacés de peur, elle se mit à courir dans une ultime tentative pour s‘en fuir. Mais ce fut trop tard, l’étranger avait atteint le point de non retour, son désir était devenu trop intense pour qu’il laisse la belle s’échapper. Il poussa son cheval à aller de plus en plus vite…
Bientôt ils coururent côte à côte, l’étranger sauta alors de son cheval afin d’entraîner dans sa chute la belle. En position de force, il n’eut aucun mal à déchirer la robe de haut en bas, de la dénuder d’un seul coup de main. Elle se débattit sauvagement, giflant, griffant l’homme qui se tenait au dessus d’elle. Durant cette lutte silencieuse ses cuisses ne pouvaient résister aux genoux musclés qui les écartaient. La peur de la fille devenait parti intégrante du plaisir de l’homme réduit à l’état le plus sauvage. Puis un coup de point s’abattit sur la tête féminine qui la laissa sans force… Médusée, par le mal physique mais aussi par la peur de cette force incontrôlable de l’homme, elle ne put plus rien faire pour lutter contre son affreux sort…
Il déboutonna d’une vitesse d’éclair son pantalon, sa culotte suivit, il vit le corps dans la fleur de l’âge de la belle et ne put plus se contenir; il la pénétra avec rage, ne remarquant que très peu la fine barrière qui s’y opposa: la preuve de l’innocence de son partenaire…
Ô Nuit, me voilà entre les mains de cet étranger, ce voyou qui me viole et me vole ainsi ma virginité. Aidez moi, je vous prie, aidez moi à ne pas mourir sur place d’honte.
Chouettes échappant des territoires sacrés des églises, je vous appelle en aide, venez, venez vous satisfaire de cet étranger qui a osé souiller votre terrain de jeu!
Chauve souris, amusez vous avec le cheval, ce traître!
Chats, venez vous nourrir avec les provisions de ce vagabond! Aidez moi plus tard à satisfaire ma soif de vengeance!
Ô Reine des ténèbres, même les larmes ne veulent plus couler lorsque je me retrouve ainsi sans armes, ayez pitié de moi, je vous prie!
Ô reine nocturne, envoyez vos prêtres, les loups affamés se régaler de ce corps masculin satisfait de mon corps vierge; Je vous prie pour la dernière fois de ne pas me laisser mourir ici!
Entre temps, l’homme remuait frénétiquement, chaque coup de boutoir était ressenti tel un poignard dans le cœur de la belle. Ces gémissements résonnaient dans la nuit solitaire; jusqu’à  ce que… l‘extase, il laissa échapper un crie rauque, se retira d’elle, se roula sur le côté, et regarda la belle innocente se lever précipitamment avant de ramasser les restes de sa robe et puis disparaître dans la voile noire de la nuit.

Dans cette nuit céleste témoin de l’agression dont avait été victime cette belle qui se sauva, elle chercha refuge…. Éclairée par l’astre argenté, on pouvait voir l’innocente blancheur de la belle souillée par le sang vierge qui coulait le long de ses cuisses suite à l’agression. Sur son visage jadis heureux, on remarquait à présent un regard d’enterrement, sur les joues étaient visibles des traces de larmes séchées. La tristesse qui envahissait l’âme pure de la belle était profonde, la haine qu’elle portait dans son coeur à présent incurable, et le pire c’est que la belle n’y pouvait rien…
Comme pour montrer qu’elle partageait la peine de la belle, mère nature laissa descendre sur terre ses foudres: la tempête éclata: il pleuvait sans cesse, les éclairs faisaient rage dans la contrée, le tonnerre faisait penser aux canons d’une nouvelle guerre… La belle se tenait alors près d’une grotte cachée par les arbustes elle s’y laissa tomber sur le sol trempé. Elle laissa la pluie laver son visage, son corps, même son humeur s’y trouva plus saine.
Cette pluie laissa place à des réflexions sur la vie, sa place dans le monde, la liberté de tout et chacun, puis aussi sur la société humaine et son hypocrisie.
Sa famille méprisait les autres de leur classe, même en étant des paysans, ils avaient toujours été du côté de leurs maîtres, et ainsi, ils s’étaient faits de nombreux ennemis. La belle, elle avait toujours été du côté des pauvres, et de ce fait toute sa famille sauf sa grand-mère s’était tournée contre elle. Elle n’était que tolérée dans la cabane, et ne voulant faire de la peine à sa grand-mère, elle ne lui en parla guère. Mais cette fois-ci, elle savait qu’elle avait tout perdu, sa famille ne la laissera plus rester, elle allait devoir partir…
La tempête se calma petit à petit, et la belle savait qu’elle ne pouvait plus reculer le moment de la vérité… Elle se mit debout et reprit le chemin menant à la cabane. Une fois arrivé à cette demeure familiale, elle ne put réprimer un mouvement de recul avant d’entrer en trombe…
Toute la famille se trouva réunie autour de la grande table attendant la fille unique de leur sœur qu’ils avaient recueillie à la mort de celle-ci. D’un même mouvement ils se tournaient vers elle, la contemplant comme une ingrate, une fille de mauvaise foie, une… une de trop.
Elle comprit qu’elle n’avait rien à espérer d’eux, et elle se retourna presque pour fuir lorsque sa tante l’interpella, la réprimandant vivement:
-“Qu’est-ce que tu as fait encore?”
Devant le silence de la jeune fille et son expression d’extrême tristesse mélangée au courroux, la femme adulte ne savait plus se tenir:
-“Quelqu’un aurait-il pris ton attitude nonchalante pour une invitation au festin? Oui, je le sais, je sais ce qui t’est arrivé, un homme a profité de ton corps virginal, n’est-ce pas? Un homme t’a prise, il a abusé de toi. IL n’y a qu’à voir tes vêtements déchirés… Honte à toi la fille, honte à toi de te laisser faire ainsi en même temps que ta grand-mère a laissée la vie.”
Voyant l’expression torturé de sa nièce cette vielle mégère continua sa tirade.
-“Moi vivante, jamais tu n’auras d’époux, jamais tu ne seras la maîtresse, et jamais tu n’auras d’enfant! Tu ne seras bon qu’à me servir, à être mon esclave. Ta grand-mère te laisse sous notre tutelle et elle t’a nommée son unique héritière universelle. Mais ne crois pas que je te laisserai profiter de son argent ou de son cottage au fond des bois les plus noirs et les plus mystérieux. Oui ma fille, si tu étais encore vierge, tu auras au moins pu te défendre contre mon courroux, mais à présent il ne te reste plus un grain de dignité par rapport à moi. Tu seras à ma merci, enfin… Haha haha!”
La belle, proie à une panique aveugle, se retourna et prit la fuite mais malheureusement ses cousins la rattrapaient obéissant à leur mère aveuglément.
Un mois passa, la belle dut travailler dure pour survivre, et la plupart du temps elle dut aller se coucher sans dîner, le ventre vide. Sa tante remarqua tout de même un changement crucial dans son attitude. Elle ne se débattait plus autant, elle semblait plus docile ayant trouvé une sorte de paix intérieure. La belle ne savait pas encore ce qui lui arrivait, elle avait seulement remarquée qu’elle avait le ventre qui se révoltait le matin, mais elle crut que ce n’était que du au fait que la veille elle n’avait pas eu droit à manger…
Malheureusement, un bon jour, sa tante lui faisait prendre un bain dans la cuisine tandis qu’elle-même restait assise sur une chaise près du cheminée. La belle victime se déshabilla complètement devant le regard diabolique de sa tante. D’un seul coup, avec une étonnante rapidité la colosse, qui était sa tante, se rucha sur elle, la prenant par les bras, elle lui demanda en, criant:
-“Comment ce fait-il que vous vous arrondissez, n’attendez-vous pas par hasard un petit marmot?”
Sa tante se moqua d’elle, les larmes lui montaient aux yeux. La belle ne put se défendre lorsque sa tante la lâcha brutalement en la poussant dans l’eau tiède à présent. La vieille mégère alla chercher son époux pour faire fouetter la pauvre petite. La belle sut immédiatement ce qu’il lui fallait faire, il fallait fuir, fuir loin de là. Dans moins d’une minute elle s’habilla et prit ses bagages pour aller à la recherche du cottage que lui avait légué sa grand-mère. Elle ne perdit pas une seconde, elle sortit de la cabane familiale afin de prendre le meilleur cheval dans l’écurie avant que quelque un ne la vit commettre une fugue.
En fuite, la belle apprit à chasser, à chercher de la nourriture, à faire du feu, elle apprit les lois de la nature. Cette blondinette aux yeux bleus ressemblait à un ange, un séraphin comme elle deviendra plus tard. Elle traversa maintes forêts, jusqu’à atteindre les bois mystérieux dont lui avait parlé sa grand-mère naguère.

Ce fut durant une nuit de novembre, tout fut noir, le monde imaginaire prit vie et se mélangea avec la réalité. La belle sortit nourrir le cheval qui l’avait aidé à s’échapper des griffes de la vieille mégère qu’était sa tante. Puis elle soignait aussi le loup qu’elle avait recueilli lorsque son clan l’avait laissé pour compte au seuil de la mort. Elle sentit tout d’un coup une présence pas trop éloignée d’elle, alors elle resta sur ses gardes…
Un homme se détacha de l’ombre, d’un coup d’œil, elle le reconnut… Son arrogance divine et son corps musclé coupaient le souffle de la jeune femme, elle resta clouée sur place regarder son agresseur s’approcher d’elle à pas lents de chasseur. Elle ne retrouva l’utilité de ses jambes qu’au moment où il fut trop tard… Il la tenait serrée dans ses bras, et tenta de l’embrasser. Elle se débattis en vain, et cria jusqu’à ce que son loup ne vienne la secourir, et aussi vite qu’un éclair, il protégea la belle au péril de sa vie. L’étranger ne sut ce qui lui arriva et battis en retraite avant de se fondre en excuses devant cette belle qu’il avait souillée. Il mettait de côté sa fierté et demanda pardon à la belle.
-“Ma belle colombe, dés que j’ai su ce qui t’était arrivée, je suis venu te porter secours. Je suis duc et porte soin de mes enfants, qu’il soient légitimes ou non.
-Parce que vous êtes marié en plus?”
Demanda la belle d’une voix hystérique. Le duc fit semblant de ne pas avoir entendu cette interruption, mais continua sa tirade:
-“Je ne peux pas t’amener au château de mes ancêtres, mais je peux te donner tout le confort qui est nécessaire pour que toi et nos enfants puissent vivre confortablement. Viens et tu auras tout ce que ton cœur désire.
-Monseigneur, il est vrai que je ne me suis pas donnée à vous de plein gré, mais je vous suis reconnaissante pour l’être qui grandit en moi. Ô pauvre abruti, je ne veux pas m’en aller de cette cabane, elle me rappelle tant ma grand-mère et mes parents… Je vous demande seulement une personne pour me tenir compagnie, une femme qui aime la nature et qui puisse m’aider quand je mettrai l’enfant sur ce monde. Par contre, je vous demande de ne pas intervenir dans l’éducation de MON enfant.”
Il parut hésiter un instant avant de céder à la faveur de la belle fille.
-“D’accord, ma gouvernante restera avec toi et l’enfant.”
Sur quoi il tourna les talons et repartit dans les ombres de la nuit.

Durant près de sept mois je vis retirée dans cette cabane au fond des bois. Ma famille m’avait laissée pour compte en découvrant les conséquences du viol dont j’avais été victime. Malgré la haine que je portais et que je porterai toujours au père de cette enfant qui grandit en moi, je n’avais pu me résoudre à m’en défaire. Durant des mois et des mois j’ai vécu en solitaire au fond de ces bois mystérieux, seule la gouvernante d’âge moyen me tenait compagnie.
Mais à présent, je sentis la fin se joindre bientôt à moi, je sus que ce jour là tout pouvait arriver, et je décidai donc de finir mon récit.

Il me reste peu de temps à vivre, et n’essayez pas de me convaincre du contraire, car je le sais. Je sens le vent de la mort qui jadis était loin, très loin même s’approcher à toute allure. Je vous écrit donc mon cher enfant pour vous conter la vie de cette mère que vous ne connaîtrez probablement jamais… Je vous prie de bien vouloir me pardonner les erreurs que j’ai commis jadis et que je ne pourrai jamais effacer de mon vivant…


-“Aaaah!” Ma plume tombe, mon ventre me fait horriblement mal, je mets bas dans cette solitude immonde qui est mienne depuis fort longtemps déjà. C’Est-ce moment là que la gouvernante Nessa choisit pour faire irruption dans la pièce. Elle me vit agonisant déjà et courut s’agenouiller à mes côtés, me réconfortant durant ces douloureux instants. La servante m’épongea le front, m’aida comme elle put, mais rien y fut… Lorsque je sentis la fin s’approcher, je lui fis promettre de s’occuper de mon enfant et de lui parler de moi en lui donnant pour ses seize ans mon récit.
Je donnes vie et à mon grand étonnement une deuxième suivit, mais je perds la mienne en même temps. J’eus seulement le temps de demander une dernière faveur à la gouvernante:
-”Appelez les: Beauregard et Isabelle, et dit leur que je n’y peux rien d’avoir à la fois haï et aimé leur père.”
Puis elle ferma les yeux pour toujours.
Nessa, tenant dans ses bras les deux anges venus au monde, pleura tout haut, montrant au monde sa tristesse en voyant mourir une innocente de cette cruelle épreuve… Elle promit de protéger de son mieux les deux enfants que sa belle maîtresse avait laissé derrière elle…

Publié dans Roman

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